Padābhyanga : le massage ayurvédique des pieds
Conseillé par ma thérapeute ayurvédique il y a quelques années, l’auto-massage des pieds est devenu un rituel indispensable de ma routine quotidienne. Chaque soir, avec attention et gratitude, j’applique quelques gouttes de pinda thailam sur mes pieds. Je les masse lentement, quelques minutes, pour soulager la fatigue accumulée au fil de la journée – qu’elle soit liée au travail, à la marche ou à la posture.
Ce geste simple détend non seulement mes pieds, mais aussi l’ensemble de mon système nerveux. Il m’aide à ralentir, à revenir à moi, à préparer naturellement mon corps et mon esprit au sommeil.
So slow down… sit down… warm some oil and tend to your feet… which have walked many pathways over many lifetimes…
Kaya Mindlin
Ce rituel, humble et puissant, est une invitation à la douceur et à l’écoute.

Table des matières
- Un soin ancestral
- Origines et histoire du padābhyanga
- Pourquoi les pieds sont si importants en Ayurveda ?
- Les bienfaits du padābhyanga : entre sciences modernes & savoir ayurvédique
- Apaisement du système nerveux & réduction du stress
- Amélioration du sommeil : un soutien naturel et profond
- Circulation sanguine et lymphatique : une action mécanique et énergétique
- Soulagement des douleurs, tensions et fatigue des pieds
- Soutien de la vision et des sens (chakshushya)
- Hydratation, protection et nutrition des tissus
- Un soin véritablement holistique
- Les huiles utilisées en Padābhyanga
- Protocole padābhyanga dans les routines quotidiennes (Dinacharya)
- Indications et contre-indications
- Padābhyanga & Yoga : un duo puissant
- Un rituel simple, profond et universel
- À toi de jouer
Un soin ancestral
Le padābhyanga, massage ayurvédique traditionnel des pieds, connaît aujourd’hui un véritable regain d’intérêt.
Issu des textes sacrés indiens – les Saṃhitā (Charaka, Sushruta, Ashtanga Hridayam) – ce soin est considéré comme l’un des rituels essentiels pour pacifier vāta.
Selon l’Ayurveda, il existe trois constitutions fondamentales : vāta, pitta et kapha, appelées doshas. Chacune possède ses propres caractéristiques et peut se déséquilibrer en fonction du mode de vie, de l’alimentation ou des saisons. Le padābhyanga fait partie de l’approche globale de l’ayurveda en matière de santé holistique, qui fait en sorte d’équilibrer les trois dosha (vāta, pitta et kapha) et d’aligner le bien-être personnel avec l’harmonie de l’environnement (Sen et al., 20241).
Vāta, le dosha du mouvement, est associé aux éléments air et éther. Lorsqu’il est déséquilibré, il se manifeste souvent par du stress, du surmenage, de l’agitation mentale, une sensibilité accrue… et parfois même des troubles du sommeil ou de l’insomnie.
Dans un monde où les tensions nerveuses, la dispersion mentale et la fatigue chronique sont omniprésentes, le padābhyanga se présente comme une réponse simple, douce et profondément régulatrice.
Dans cet article, nous allons explorer :
- une brève histoire de cette pratique,
- ses fondements ayurvédiques,
- ses bienfaits,
- son action sur le système nerveux,
- un protocole détaillé d’automassage,
- et quelques données scientifiques modernes qui confirment ses effets.
Origines et histoire du padābhyanga

Le mot padābhyanga se compose de :
- Pada = pied
- Abhyanga = massage à l’huile
Dans les textes ayurvédiques, le massage des pieds occupe une place particulière. Il est intégré aux dinacharya, les routines quotidiennes destinées à maintenir la santé physique, mentale, émotionnelle et sensorielle. Le padābhyanga n’est pas seulement un soin de détente : c’est un rituel thérapeutique fondamental, profondément ancré dans la tradition ayurvédique qui met l’emphase sur la connexion entre le corps, l’esprit et l’âme.
Présenté comme une pratique de prévention (swasthavrutta), il sert à maintenir la vitalité et à prévenir l’apparition de troubles — en particulier ceux liés à un déséquilibre de vāta ainsi qu’à la fatigue oculaire.
Des travaux contemporains confirment cette vision : la pratique régulière du Padābhyanga est associée à une meilleure vitalité, une réduction du stress et une amélioration de la qualité du sommeil (Karishma, 20232 ; Sharma & Pingale, 20223).
Charaka Saṃhitā : la protection du système nerveux
Dans la Charaka Sutrasthana (Chapitre 5), le massage des pieds est présenté comme un soin qui :
- nourrit les nerfs,
- apaise le sommeil,
- réduit la fatigue,
- préserve la vue,
- et lutte contre les déséquilibres de vāta.
Ce texte souligne également que les pieds sont riches en sira (canaux), snayu (tendons), marmas (points vitaux) et glandes sudoripares, d’où leur importance dans les soins préventifs.
Sushruta Saṃhitā : la dimension thérapeutique
La Sushruta Saṃhitā, texte majeur de chirurgie et de médecine, mentionne le soin des jambes et des pieds pour :
- apaiser la douleur,
- relâcher les tissus,
- favoriser la récupération physique.
Ces indications se rapprochent fortement de ce que nous appelons aujourd’hui massage sportif ou récupération musculaire.
Ashtanga Hridayam : un lien subtil entre pieds et vision
Dans l’Ashtanga Hridayam Sutrasthana 2.7, il est indiqué que « masser les pieds renforce les organes de la vision ».
Selon l’Ayurveda, certains canaux énergétiques (srotas) et certaines veines spécifiques des pieds sont en lien avec les yeux, ce qui fait du Padābhyanga un soin chakshushya (bénéfique pour la santé oculaire). Ce principe est développé dans plusieurs analyses contemporaines (Nataraj & Ashwini, 20254 ; K. & Deshpande, 2015)5.
À ce jour, je n’ai pas trouvé de preuve directe dans la science moderne établissant un lien anatomique ou physiologique entre pieds et yeux.
Cependant, nous savons que la relaxation profonde réduit la fatigue oculaire, atténue l’hyperstimulation visuelle et améliore la récupération du système nerveux — effets congruents avec ceux décrits dans la tradition ayurvédique.
Une pratique plus pertinente que jamais
À l’époque moderne, le padābhyanga trouve une pertinence nouvelle face à nos modes de vie :
- exposition prolongée aux écrans,
- rythmes rapides,
- surcharge mentale,
- douleurs liées à la marche ou au sport,
- troubles du sommeil de plus en plus fréquents.
Dans ce contexte, un rituel simple, lent et profondément ancrant comme le padābhyanga offre une réponse naturelle, douce et accessible.
Certaines personnes privilégient des solutions plus modernes ou médicales, mais le caractère holistique, préventif et non invasif du padābhyanga en fait un outil précieux pour celles et ceux qui recherchent un soin complémentaire, respectueux du corps et de son rythme.
Pourquoi les pieds sont si importants en Ayurveda ?

Les pieds, siège de vāta
En Ayurveda, les pieds sont considérés comme l’un des principaux lieux d’accumulation de vāta, le dosha du mouvement. Lorsqu’il se déséquilibre, vāta peut se manifester par :
- sécheresse,
- sensation de froid,
- insomnie,
- agitation mentale,
- douleurs diffuses ou erratiques,
- fatigue nerveuse.
Comme vāta est léger, mobile et instable par nature (air), il s’accumule dans les extrémités et notamment dans les pieds.
Le massage à l’huile chaude, nourrissante et stabilisante, est donc l’un des moyens les plus efficaces pour apaiser immédiatement vāta et ramener le système nerveux vers un état d’équilibre.
Les points marmas des pieds
Les marmas sont des points vitaux où se rencontrent muscles, nerfs, vaisseaux, os et énergie. Ils sont comparables à des carrefours subtils qui régulent la circulation de prāṇa, l’énergie vitale qui anime le corps et lui permet de fonctionner harmonieusement.
Les pieds contiennent plusieurs marmas majeurs :
- Talahridaya – situé au centre de la plante du pied ; relié au cœur, aux émotions et à la vitalité.
- Kshipra – entre l’hallux et le deuxième orteil ; point énergisant, utilisé pour relancer la circulation et apaiser la douleur.
- Gulpha – au niveau des chevilles ; essentiel pour la fluidité des mouvements et le bon fonctionnement des articulations.
Lorsque ces points sont stimulés avec douceur, ils aident à rééquilibrer la circulation du prāṇa, apaisent le système nerveux et favorisent une détente profonde.
Le rôle symbolique des pieds dans la culture indienne
Dans la culture indienne, les pieds ne sont pas de simples structures anatomiques : ils portent une forte valeur symbolique. Ils sont associés :
- à l’ancrage,
- à la stabilité,
- à l’humilité,
- et au support du corps tout entier.
C’est pourquoi on retrouve de nombreux gestes rituels autour des pieds :
- On s’incline devant les anciens ou les maîtres en touchant leurs pieds, par respect.
- On retire ses chaussures avant d’entrer dans un temple — et très souvent aussi avant d’entrer chez quelqu’un (ce qui, entre nous, devrait être la base partout !).
- Et, selon certaines traditions, toucher les pieds du guru pourrait même mener à l’éveil spirituel.
(Oups… je suis devenu un bouddha en touchant les pieds de mon guru.)
Dans cette perspective, prendre soin de ses pieds n’est pas un geste anodin :
c’est un acte d’humilité, d’ancrage et de respect envers soi-même.
Le Padābhyanga symbolise ainsi un retour à la Terre, une reconnaissance du chemin parcouru — au sens propre comme au sens figuré — et une profonde reconnexion à soi.
Les bienfaits du padābhyanga : entre sciences modernes & savoir ayurvédique
Le padābhyanga agit simultanément sur le corps physique, le système nerveux et les sens.
Contrairement à un simple massage plantaire, il mobilise les tissus, les points marmas et la circulation énergétique du pied, créant un effet global de régulation et d’apaisement.
Apaisement du système nerveux & réduction du stress
En Ayurveda, le padābhyanga « nourrit » le système nerveux et favorise la carté mentale en apaisant vāta, souvent à l’origine de stress, d’agitation et d’insomnie.
Les données modernes sur la massothérapie et le massage des pieds confirment plusieurs effets physiologiques :
- baisse du cortisol, hormone liée au stress
- hausse de la sérotonine et de la dopamine, neurotransmetteurs associés au bien-être
- activation du système nerveux parasympathique, responsable du repos, de la digestion et de la récupération.
Ces résultats proviennent notamment de travaux de Tiffany Field (University of Miami) qui démontrent une modulation des marqueurs de stress après massage (Field et al., 20056 ; Field, 2014).
Le mécanisme explique la détente profonde ressentie parfois dès les premières minutes du soin.
Amélioration du sommeil : un soutien naturel et profond
Le padābhyanga n’agit pas seulement sur la détente musculaire : il modifie l’état interne du système nerveux, ce qui est essentiel pour un endormissement naturel.
Il aide à :
- calmer l’activité mentale,
- réduire les réveils nocturnes,
- favoriser l’entrée dans les ondes alpha et thêta, caractéristiques du sommeil profond.
Une étude clinique récente montre que la combinaison padābhyanga + prāṇāyāma améliore significativement la qualité du sommeil chez les personnes âgées (Hiremath et al., 20227).
Ces résultats soutiennent l’usage traditionnel du soin pour l’insomnie et l’hyperactivité mentale.
Circulation sanguine et lymphatique : une action mécanique et énergétique
Le padābhyanga utilise des gestes enveloppants, des pressions régulières et l’application d’huile chaude. Ces techniques favorisent la circulation locale et le drainage naturel.
Les études montrent une augmentation du flux capillaire, mais pas de preuve que cela « élimine les toxines ».
On peut cependant dire qu’il soutient les processus naturels de circulation et de récupération.
Soulagement des douleurs, tensions et fatigue des pieds
Le padābhyanga est particulièrement utile pour :
- la fasciite plantaire,
- la fatigue liée à la marche ou à la station debout,
- les tensions sportives (mollets, voûte plantaire),
- la raideur articulaire des chevilles.
Ces effets sont cohérents avec les écrits de la Sushruta Saṃhitā et avec les connaissances modernes en massage thérapeutique : le massage réduit l’inflammation locale, relâche les tissus conjonctifs et augmente la mobilité.
Soutien de la vision et des sens (chakshushya)
Selon l’Ayurveda, le padābhyanga est un soin chakshushya, c’est-à-dire bénéfique pour les yeux et les sens.
Sans répéter l’aspect historique déjà présenté, voici les bénéfices spécifiques :
- réduction de la fatigue sensorielle,
- apaisement de l’hyperstimulation visuelle,
- soutien à la récupération oculaire liée au stress et à la surcharge des écrans.
La médecine occidentale ne reconnaît pas un lien anatomique direct entre pieds et yeux.
En revanche, elle confirme que la relaxation profonde améliore la fonction sensorielle et réduit la fatigue visuelle — un effet particulièrement pertinent aujourd’hui.
Hydratation, protection et nutrition des tissus
Les huiles chaudes utilisées (sésame, ghee ou préparations médicinales) ont une action :
- adoucissante et hydratante,
- protectrice pour la barrière cutanée,
- nourrissante pour les tissus nerveux (majja dhatu selon l’Ayurveda).
Elles pénètrent rapidement la peau et procurent une sensation d’ancrage et de stabilité — très utile pour les personnes à dominante vāta.
Un soin véritablement holistique
Ce qui distingue le padābhyanga d’un massage classique est sa capacité à agir sur plusieurs plans à la fois :
- physiologique → détente, circulation, réduction de la douleur
- nerveux → apaisement durable, sommeil, modulation du stress
- sensoriel → fatigue oculaire, clarté mentale
- énergétique → harmonisation du prāṇa et des doshas
- émotionnel → recentrage, stabilité, ancrage
Dans une perspective préventive (swasthavrutta), il soutient les processus naturels de guérison et contribue à la longévité, surtout lorsqu’il est adapté à la prakṛti (constitution individuelle).
Les huiles utilisées en Padābhyanga

L’huile est un élément central du padābhyanga. En Ayurveda, elle n’est pas qu’un simple support : elle est considérée comme un véhicule thérapeutique, capable de nourrir les tissus (dhatus), d’apaiser les doshas et de soutenir le système nerveux.
Le choix de l’huile dépend donc à la fois :
- de la constitution (prakṛti),
- de l’état du moment (vikṛti),
- de la saison,
- et de l’effet recherché (relaxant, anti-douleur, équilibrant…)
Les huiles selon le dosha
| Vāta (air + éther) | Pitta (feu + eau) | Pour Kapha (terre + eau) |
| Vāta est sec, froid, mobile et léger. | Pitta est chaud, intense et inflammatoire. | Kapha est lourd, froid, stable et parfois stagnant. |
| On privilégie des huiles chaudes, nourrissantes et stabilisantes. | On choisit des huiles refroidissantes, apaisantes et anti-inflammatoires | On utilise des huiles chauffantes et stimulantes. |
| Huile de sésame chaude → la plus recommandée en Ayurveda pour pacifier Vāta ; lourde, chauffante et profondément nourrissante. Bala Thailam → tonifiante, soutient les muscles, utile pour la fatigue nerveuse et la faiblesse. Ashwagandha Thailam → fortifiant du système nerveux, excellent pour le stress, l’anxiété et l’insomnie. | Huile de coco → rafraîchissante, calmante, adoucit la peau sensible ou irritée. Brahmi Thailam → excellent pour apaiser l’esprit, calmer l’agitation mentale et améliorer la concentration. Ghee (clarifié) → très doux, stabilise le feu intérieur, apaise la chaleur excessive et la nervosité | Huile de moutarde → chauffante, active la circulation, décongestionnante. Huile de sésame tiède → plus légère que chaude ; soutien général sans lourdeur. Calamus (Vacha) Thailam → stimulant, clarifie l’esprit, aide en cas de stagnation, léthargie, brouillard mental. |
| Idéale en automassage du soir ou en hiver. | Indiqué en été, ou pour les personnes facilement irritées, surchauffées ou stressées. | Utile en automassage le matin ou à la fin de l’hiver (Kapha season). |
Les huiles thérapeutiques classiques du padābhyanga
Certaines huiles ayurvédiques sont traditionnellement utilisées en padābhyanga pour leurs propriétés médicinales spécifiques. Elles peuvent être employées seules ou combinées à d’autres huiles selon les besoins.
Pinda Thailam
Apaisant, nourrissant & anti-inflammatoire doux
- Formulé avec Manjistha, connue pour ses actions rafraîchissantes et anti-inflammatoires.
- Nourrit les tissus, apaise les sensations de chaleur ou d’irritation.
- Calme la fatigue nerveuse et soutient la détente du système sensoriel.
Indiqué pour :
- les pieds échauffés ou irrités,
- l’inflammation légère,
- les tensions en fin de journée,
- la fatigue nerveuse.
Elle convient particulièrement à Pitta et Vāta et c’est l’une des huiles les plus douces et sécurisantes en automassage du soir.
D’autres huiles que l’on peut utiliser
| Mahanarayanam Thailam | Dhanwantharam Thailam | Brahmi Thailam |
| Anti-douleur & anti-inflammatoire | Tonique du système nerveux & revitalisant | Apaisant pour l’esprit |
| – Soulage les tensions, les douleurs articulaires et la raideur musculaire. – Très utilisé chez les sportifs et en cas de douleur chronique. | – Recommandé dans les périodes de fatigue, faiblesse musculaire ou stress. – Traditionnellement utilisé pour la grossesse post-partum et en soins revitalisants. | – Excellent pour calmer le mental, réduire l’anxiété et soutenir la concentration. – Idéal pour les personnes sujettes au stress, aux ruminations ou à la surcharge mentale. |
Protocole padābhyanga dans les routines quotidiennes (Dinacharya)

En Ayurveda, la Dinacharya désigne la routine quotidienne, un ensemble de gestes simples qui soutiennent l’équilibre du corps, du mental et de l’énergie.
En yoga, on parle souvent de sādhana pour désigner la discipline personnelle, un engagement envers soi-même fait de petites actions répétées avec présence.
Le padābhyanga fait partie de ces rituels quotidiens : un geste court, doux et profond qui, avec la régularité, transforme l’état intérieur.
Les recommandations traditionnelles
L’Ayurveda recommande de masser ses pieds :
👉 chaque soir avant le coucher,
👉 avec une huile chaude (ou tiède),
👉 pendant 3 à 10 minutes selon le temps et l’énergie disponible.
Bienfaits ressentis en quelques jours :
- endormissement plus rapide,
- sommeil plus profond,
- diminution des pensées envahissantes,
- détente du système nerveux,
- pieds plus souples, hydratés et détendus.
Un protocole simple et adapté à la vie quotidienne
Le rituel du padābhyanga peut rester très simple. L’important est la régularité, plus que la perfection.
Prépare toi à ton automassage en choisisant une ambiance douce ou tamisée et éventuellement une musique calme. Et prépare ton petit bol d’huile, tiède si possible, mais à température ambiante ça fonctionne parfaitement, personnellement je prends l’huile directement depuis le flacon.
💡 Astuce personnelle pratique
Je prépare toujours une paire de chaussettes de nuit que j’enfile juste après le massage pour éviter d’avoir de l’huile partout dans le lit et pour conserver la chaleur.
Étapes du rituel complet (3 à 10 minutes)
- 1. Nettoyage
- Rince ou essuie rapidement tes pieds si besoin.
- Dépose une petite quantité d’huile dans tes paumes.
- 2. Massage global (échauffement)
- Masse chaque pied avec un mouvement enveloppant, paume sur la plante, doigts sur le dessus.
- Fais quelques va-et-vient des orteils vers le talon pour étaler l’huile et réveiller les tissus.
- 3. Travail simple et ciblé des zones
- Tu peux suivre cette base :
- Orteils : petites rotations + traction douce.
- Plante du pied : mouvements circulaires avec le pouce.
- Talon : pressions un peu plus profondes.
- Coup de pied : lissages du bas vers le haut.
- Cheville : petits cercles avec la main.
- 💡 Adaptation moderne essentielle
- Insiste sur les zones qui en ont le plus besoin :
- talon douloureux,
- voûte plantaire tendue,
- orteils crispés,
- cheville raide…
ton corps te montre exactement où aller.
- Insiste sur les zones qui en ont le plus besoin :
- Tu peux suivre cette base :
- 4. Stimulation douce de quelques marmas
- Pas besoin de connaissance experte : quelques secondes suffisent.
- Talahridaya (centre de la plante) → point du cœur, apaise et ancre
- Kshipra (entre le gros orteil et le 2e) → énergisant, aide à décharger la tension
- Gulpha (autour de la cheville) → circulation
- Kurcha (bord interne du pied) → soutien musculaire et nerveux
- Effectue simplement une pression douce ou un petit cercle avec le pouce.
- Pas besoin de connaissance experte : quelques secondes suffisent.
- 5. Intégration énergétique
- Lisse du pied vers le mollet pour harmoniser les tissus et guider l’énergie.
- Garde quelques respirations lentes en tenant ton pied avec les deux mains.
- 6. Temps d’intégration
- Laisse l’huile pénétrer pendant 1 à 3 minutes.
- Mets des chaussettes de nuit si tu vas te coucher juste après.
La version express (1 à 2 minutes)
Idéal les soirs où tu veux vite aller au lit:
- Étale l’huile sur chaque pied.
- Masse la plante avec 5 à 10 mouvements circulaires.
- Presse doucement Talahridaya (centre du pied).
- Lisse de la cheville vers les orteils et vice-versa.
- Chaussettes → lit → dodo
Indications et contre-indications
| Particulièrement recommandé pour: | Contre-indiqué en cas de: |
| – stress, anxiété, agitation – insomnie, sommeil léger – jambes lourdes – récupération sportive – troubles circulatoires bénins – sécheresse de la peau – syndrome de fatigue chronique | – fièvre, infection – phlébite, thrombose – plaies ouvertes – inflammations aiguës – neuropathies sévères – grossesse (certains points des pieds sont à éviter) |
Padābhyanga & Yoga : un duo puissant

Dans la tradition du yoga, les pieds sont nos racines : les points d’entrée dans la Terre, les lieux où se dépose la fatigue mais aussi la mémoire de nos pas.
Le padābhyanga, en venant les masser avec douceur, ouvre un espace d’écoute et de disponibilité qui transforme la pratique.
En tant que professeure ou pratiquant de yoga, tu peux l’intégrer comme un rituel d’ancrage, un pont entre le quotidien et le tapis, ou un moment de soin que tu offres à tes élèves ou à toi-même.
Avant un cours ou une méditation
Dans une approche plus thérapeutique, quelques minutes de padābhyanga peuvent préparer le corps à bouger ou à recevoir une guidance. Proposer quelques instants de massage des pieds avant de commencer change tout.
C’est comme dire au corps :
“Tu peux relâcher. Tu peux déposer la journée. Tu es en sécurité.”
Les élèves arrivent plus présents, plus ouverts, déjà à moitié dans l’expérience intérieure. Les tissus se relâchent, la respiration se dénoue, l’élève devient plus sensible à ses appuis. C’est une manière de soutenir la confiance, la conscience du corps et l’écoute intérieure.
Le padābhyanga devient alors un sas de transition, une invitation à entrer dans la pratique avec une qualité de lenteur et de réceptivité plus profonde.
Dans un atelier sur l’art de l’ancrage
Lorsque vāta s’emballe, le mental s’agite, le souffle devient instable et le corps perd ses repères. Masser les pieds reconnecte immédiatement à la Terre.
C’est un geste simple, mais qui transforme :
- l’attention descend,
- le souffle s’apaise,
- la présence s’épaissit,
- le corps se stabilise.
Dans un atelier dédié à l’ancrage, c’est un outil précieux : une pédagogie tactile qui explique ce que les mots ne peuvent pas toujours transmettre.
En clôture de séance : un cadeau de śavāsana
Un toucher doux sur les pieds en fin de pratique agit comme un sceau sur la séance.
Il invite le système nerveux à s’abandonner totalement.
Dans śavāsana, les élèves ressentent une :
- proprioception plus fine,
- stabilité dans les appuis,
- détente globale,
- disponibilité au silence intérieur.
C’est un geste tout simple, mais il est toujours reçu comme un cadeau.
Un rituel simple, profond et universel
Le padābhyanga est bien plus qu’un simple massage des pieds.
C’est un rituel millénaire, né d’une compréhension subtile du corps, du système nerveux et de l’équilibre intérieur.
Un geste humble, mais qui a traversé les siècles parce qu’il répond à un besoin humain fondamental : celui de ralentir, de se déposer et de revenir à soi.
Aujourd’hui, la science moderne rejoint ce savoir ancestral et confirme ses bienfaits :
- détente profonde,
- amélioration du sommeil,
- réduction du stress,
- récupération physique,
- apaisement mental.
Que tu choisisses de l’intégrer dans ta routine du soir, ou que tu le proposes aux personnes que tu accompagnes — en tant que thérapeute, professeure de yoga ou coach sportif — le padābhyanga reste une pratique accessible, efficace et profondément appréciée.
C’est un geste simple, mais qui change tout.
Il suffit de quelques minutes, d’un peu d’huile et d’une intention claire pour reconnecter le corps au calme et le cœur à la présence.
À toi de jouer
Essaie ce rituel ce soir.
Juste 3 minutes.
Un pied après l’autre.
Observe ce qui change.
Et si tu le souhaites, transmets-le : un geste partagé peut devenir une porte ouverte vers plus de douceur, de conscience et d’équilibre.
Photo de couverture de Tima Miroshnichenko
- Sen, S., Sen, A., & More, A. B. (2024). Ayurvedic Principles for Holistic Wellness: A Comprehensive Guide to One’s Health. Ayushdhara, 128–131. https://doi.org/10.47070/ayushdhara.v11i3.1567 ↩︎
- Karishma. (2023). A review on padabhyanga (foot massage): a unique procedure to heal the body and mind. International Journal of Research in Ayurveda and Pharmacy, 14(4), 67–69. https://doi.org/10.7897/2277-4343.1404115 ↩︎
- Sharma, N. J., & Pingale, M. (2022). Role of padhaabyanga upkarma in netra swasthya. Journal of Bio Innovation, 76–80. https://doi.org/10.46344/jbino.2022.v11i03(b).11 ↩︎
- Nataraj, U., & Ashwini, M. J. (2025). Importance and Effect of Padabhyanga in Prevention and Management of Netra Rogas – A Review. 299–303. https://doi.org/10.37648/medinity2025.045 ↩︎
- K, R., & Deshpande, S. S. (2015). Role of pada abhyanga as preventive aspect w.s.r to eye disorders: a conceptual study. International Journal of Ayurveda and Pharma Research, 3(10). ↩︎
- Field T, Hernandez-Reif M, Diego M, Schanberg S, Kuhn C. Cortisol decreases and serotonin and dopamine increase following massage therapy. Int J Neurosci. 2005 Oct;115(10):1397-413. doi: 10.1080/00207450590956459. PMID: 16162447. ↩︎
- Hiremath, A. B., Yalagachin, G., K, R., S, U. T., N, C. H., & K, A. N. (2022). A clinical study on combined effect of Padabhyanga and Pranayama in Nidranasha (Primary Insomnia) – Research Article. Journal of Ayurveda and Integrated Medical Sciences, 7(5), 01–05. https://doi.org/10.21760/jaims.7.5.1 ↩︎

